Elections locales sous tensions politique et sécuritaire en Colombie

Jour J, en Colombie ! Ce dimanche 29 octobre, près de 39 millions de Colombien(ne)s sont appelés aux urnes pour les élections locales. Le parti du gouvernement de gauche, le Pacte Historique, est en mauvaise posture en région et les résultats du vote pourraient à long terme freiner, voire bloquer les réformes en cours.

​Ce dimanche 29 octobre, les électeurs vont devoir choisir leurs 1102 maires, 32 gouverneurs de région, les assemblées départementales et les conseils municipaux pour la période 2024-2027. Et la tâche s’annonce compliquée, car le paysage politique est très fragmenté avec plus de 37 partis ou coalitions politiques.
 
Il n’y aura pas d’affrontement direct entre le parti du gouvernement et l’opposition ; les partis traditionnels, comme le parti libéral, le parti dit de la U, le parti conservateur, sont très forts sur le plan local – s’ils ne le sont pas au niveau national – à l’inverse de la gauche. Mais ces élections locales restent un enjeu majeur pour l’avenir des réformes du pays, comme nous l’explique Yann Basset, politologue et professeur en sciences politiques à l’université du Rosario à Bogota, joint par notre correspondant à Medellin, Najet Benrabaa. « La campagne électorale à l’intérieur de ces partis a fait voir beaucoup de fractures entre ceux qui sont favorables à une collaboration avec le gouvernement au niveau national et ceux qui ne le sont pas. Donc ça, ça peut rebattre un petit peu les cartes et faire évoluer les rapports de force à l’intérieur de ces partis et compliquer, éventuellement, la possibilité pour le gouvernement national d’avoir une coalition au Congrès qui appuie son agenda. »
 
La chute de popularité du président de gauche, Gustavo Petro, et les nombreux scandales politiques accumulés ces derniers mois, risquent de peser dans la balance au moment du vote.
 
Une campagne et un scrutin dans un climat de violence
La violence électorale en Colombie a grimpé en flèche à l’approche des élections locales du 29 octobre, avec une augmentation des menaces, des extorsions, des homicides et des déplacements forcés, a rapporté cette fin de semaine Carlos Camargo, le médiateur du bureau du Défenseur du peuple (Ombudsman) sur une radio locale
 
Cette entité a enregistré différents types de violence contre les sièges politiques, les candidats, les électeurs, entre autres victimes, avec un total de 323 cas entre janvier et septembre. Les principaux responsables en sont les dissidents des FARC – qui rejettent l’accord de paix signé en 2016 avec cette guérilla marxiste – avec 56 cas recensés, le plus grand gang de narcotrafiquants du pays, connu sous le nom de Clan del Golfo (54 cas), et les combattants de l’ELN guévariste (44 cas).  Les départements les plus touchés par la violence électorale en août et septembre, les pires mois, sont le Norte de Santander (20 cas) et l’Arauca (15), limitrophes du Venezuela, et le Nariño, voisin de l’Equateur.
 
Pour assurer la sécurité du scrutin, plus de 220 000 hommes ont été mobilisés à travers le pays, armée et police confondues. Et le gouvernement a lancé une campagne contre la corruption (#DenunciaAlCorrupto) et l’achat de vote, promettant des récompenses pour toute dénonciation.

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