Les investisseurs plébiscitent la dette de l’Égypte puisqu’en un mois, ils ont offert 21 milliards de dollars au Trésor égyptien, près de dix fois plus que le montant d’obligations proposées initialement. Le phénomène est nouveau et lié au plan de sauvetage financier conclu début mars.
La dette égyptienne faisait office de repoussoir il y a encore quelques semaines, elle a désormais une cote exceptionnelle. En un mois, les 2,4 milliards de dollars d’obligations mises le marché ont attiré 21 milliards de dollars des investisseurs. Ce qui a permis au Trésor égyptien d’élever son offre à 8,5 milliards. Automatiquement, le rendement des obligations égyptiennes a chuté, même s’il reste à deux chiffres, reflet d’un risque moins élevé.
La confiance dans les bons du Trésor est revenue à la faveur du plan de sauvetage accordé le 6 mars dernier aux autorités du Caire si elles laissaient flotter la monnaie, la livre égyptienne. Un plan de 57 milliards de dollars où les aides du FMI, de la Banque mondiale et de l’Union européenne se sont ajoutées à un investissement géant des Émirats arabes unis sur la côte méditerranéenne.
Éviter l’effondrement économique du pays
Ces aides sont la manifestation d’un empressement des créanciers internationaux à éviter à tout prix l’effondrement économique du géant égyptien, dans le contexte géopolitique actuel. Près de deux tiers des 106 millions d’Égyptiens vivent en dessous ou juste au-dessus du seuil de pauvreté.
Le pays est confronté à une baisse des rentrées de devises, que ce soit grâce au tourisme touché par la pandémie, puis la guerre en Ukraine et désormais celle dans la bande de Gaza, ou grâce au canal de Suez. Les attaques des rebelles Houthis du Yémen en mer Rouge et dans le golfe d’Aden ont fait baisser les revenus en dollars du canal, passage crucial pour le commerce mondial, « de 40 à 50% » depuis le début de l’année, selon le FMI.
Entre 2013 et 2022, la dette extérieure égyptienne est passée de 46 milliards de dollars à plus de 165 milliards, selon les données de la Banque mondiale, faisant de l’Égypte le deuxième pays le plus à risque de faire défaut, derrière l’Ukraine en guerre.
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