Un groupe d’officiers supérieurs de l’armée gabonaise a annoncé mercredi à la télévision avoir pris le pouvoir en raison du manque de crédibilité des récentes élections générales, peu après l’annonce de la victoire du président Ali Bongo à l’élection présidentielle. Dans un message vidéo, ce dernier a appelé ses soutiens internationaux à « faire du bruit » pour le soutenir. Suivez en direct l’évolution des événements au Gabon.
Un groupe d’une douzaine de militaires et de policiers gabonais a annoncé, mercredi 30 août, dans un communiqué lu sur la chaîne de télévision Gabon 24 abritée au sein de la présidence, l’annulation des élections au Gabon, la dissolution de « toutes les institutions de la République » et la « fin du régime ».
Parmi ces militaires figuraient des membres de la garde républicaine (GR), la garde prétorienne de la présidence reconnaissables à leurs bérets verts, ainsi que des soldats de l’armée régulière et des policiers. L’intervention a ensuite également été diffusée sur la télévision publique Gabon 1ère.
Cette déclaration a eu lieu juste après l’annonce officielle de la victoire d’Ali Bongo à l’élection présidentielle avec 64,27% des voix. Au pouvoir depuis 14 ans, le président sortant briguait un troisième mandat aux élections de samedi 26 août qui ont regroupé trois scrutins, présidentiel, législatifs et municipaux, tous sur un seul tour.
Ali Bongo s’exprime depuis dans un message vidéo
Dans une vidéo en anglais, le président du Gabon a appelé ses soutiens internationaux à « faire du bruit » pour le soutenir.
On l’y voit, sans pouvoir déterminer le moment où la vidéo a été tournée, assis dans un fauteuil et manifestement inquiet. « Je suis Ali Bongo Ondimba, président du Gabon », « j’envoie un message à tous nos amis dans le monde entier pour leur dire de faire du bruit » à propos « des gens qui m’ont arrêté, moi et ma famille », dit en anglais Ali Bongo, 64 ans, qui dirige le Gabon depuis plus de 14 ans et avait été proclamé, quelques instants avant le putsch, vainqueur de l’élection de samedi.
La situation au Gabon est « profondément préoccupante », estime le Commonwealth
Le Commonwealth a jugé la situation au Gabon, où un coup d’État militaire est en cours, « profondément préoccupante », rappelant au pays ses obligations en termes de respect de la démocratie.
« Les informations concernant la prise de pouvoir illégale au Gabon sont profondément préoccupantes », a estimé la secrétaire générale du Commonwealth, Patricia Scotland, dans un communiqué. Elle a rappelé que les membres du Commonwealth, organisation composée surtout d’anciennes colonies britanniques que le pays d’Afrique centrale a rejoint l’année dernière, devaient respecter « l’Etat de droit et les principes de démocratie ».
Élu en 2009 après la mort de son père, Ali Bongo Ondimba a vu ses 14 années à la présidence du Gabon marquées par plusieurs luttes pour asseoir son pouvoir. Malgré des élections contestées et un accident vasculaire cérébral, l’héritier de la « dynastie Bongo » a réussi à se maintenir à la tête du pays, lui valant d’être perçu par des soutiens comme un phénix renaissant de ses cendres : portrait.
L’Italie se dit « engagée » pour une solution diplomatique au Gabon et au Niger
L’Italie a appelé mercredi à une « solution diplomatique » au Gabon, où un putsch est en cours contre le président sortant Ali Bongo et réitéré le même souhait au Niger, où un coup d’État est survenu fin juillet.
« L’Italie continue à être engagée en faveur d’une solution diplomatique de la crise au Niger mais aussi celle plus récente au Gabon, en étroite coordination avec ses partenaires », a déclaré le chef de la diplomatie italienne Antonio Tajani dans un communiqué. « Il est fondamental que les pays européens maintiennent une pleine unité d’intention dans la recherche d’une issue pacifique qui assure paix et stabilité à l’entière région du Sahel », a-t-il ajouté avant de s’envoler pour Tolède (Espagne) où se tient une réunion informelle des ministres de la défense et des affaires étrangères de l’UE.
La France « condamne » le coup d’État en cours, affirme Olivier Véran
« La France condamne le coup d’État militaire qui est en cours au Gabon », a annoncé le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, en indiquant que Paris « surveille avec beaucoup d’attention l’évolution de la situation ».
La diplomatie française « réaffirme son souhait que le résultat de l’élection, lorsqu’il sera connu, puisse être respecté », a ajouté Olivier Véran lors d’une conférence de presse à l’issue du Conseil des ministres, alors que les autorités gabonaises ont annoncé, dans la nuit de mardi à mercredi, la réélection officielle d’Ali Bongo avec 64,27 % des voix. « Nous rappelons notre attachement à des processus électoraux libres et transparents », a ensuite déclaré le porte-parole à l’AFP, précisant de propos.
Les militaires putschistes portent en triomphe le chef de la garde présidentielle (TV d’État)
Le général Brice Oligui Nguema, chef de la garde républicaine (GR), garde prétorienne du président Ali Bongo Ondimba, a été porté en triomphe par des centaines de militaires quelques heures après un coup de force, aux cris de « Oligui président », dans des images retransmises par la télévision d’État.
Cette vidéo passait en boucle à la fin d’un communiqué lu par un colonel entouré d’officiers de la GR, la plus puissante unité de l’armée gabonaise, annonçant que Ali Bongo était « en résidence surveillée » quelques heures après l’annonce de sa réélection au terme de 14 années au pouvoir.
La Russie est « très préoccupée » par la situation
Le Kremlin a indiqué suivre la situation au Gabon avec une « profonde préoccupation », alors qu’un coup d’État militaire y est en cours et que le président Ali Bongo Ondimba a été placé en résidence surveillée.
« La situation au Gabon est un sujet de profonde préoccupation » et « nous surveillons de près ce qui s’y passe », a déclaré à Moscou à des journalistes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
11 h 56 : des scènes de joie à Libreville et Port-Gentil
Dans le quartier populaire Plein Ciel de Libreville, non loin du centre, un membre du personnel de l’AFP a vu une centaine de personnes sur un pont, à pied ou en voiture, crier : « C’est la libération ! » ou encore « Bongo dehors ! ». Au son des klaxons, ils ont salué et applaudi des policiers en tenue anti-émeutes au visage masqué. Selon cette source, des militaires à bord d’un pick-up ont levé les bras en signe de victoire et ont été applaudis par la foule.
Dans le quartier aisé d’Akanda, non loin de la résidence d’Ali Bongo, des habitants se tenaient sur le pas de leur porte, sans oser sortir, selon un membre du personnel de l’AFP, des militaires rigolards d’une unité d’élite leur demandant de rentrer chez eux.
À Port-Gentil, la capitale économique, sur la place du Château d’eau située dans un quartier populaire et bastion traditionnel de l’opposition, des centaines de personnes ont klaxonné en criant « Le Gabon est libéré ». Certains dansent avec des policiers et des militaires en tenue, a rapporté Ousmane Manga, journaliste indépendant contacté par téléphone par l’AFP.
Port-Gentil : Scènes de joie après l’annonce du coup d’Etat #Gabon #Bongo #Présidentielle pic.twitter.com/tZXHFDb2Xj
Le président Ali Bongo en résidence surveillée (militaires putschistes à la TV d’État)
Le président du Gabon Ali Bongo Ondimba est « en résidence surveillée » entouré de sa famille et de ses médecins et l’un de ses fils a été arrêté, notamment pour « haute trahison », annoncent les militaires auteurs d’un coup d’État dans la matinée.
« Le président Ali Bongo est gardé en résidence surveillée, entouré de sa famille et de ses médecins », selon un communiqué lu à la télévision d’État par les militaires du Comité de Transition et de Restauration des Institutions (CTRI).
La priorité de Total Energies est d’assurer la sécurité de ses employés au Gabon
Le groupe pétrolier français Total Energies indique dans un communiqué que sa priorité principale est d' »assurer la sécurité de ses employés et de ses opérations » au Gabon, où un groupe d’officiers de l’armée a annoncé avoir pris le pouvoir.
Jean-Luc Mélenchon accuse Emmanuel Macron d’avoir « compromis » la France
Le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a accusé Emmanuel Macron d’avoir « encore une fois compromis la France dans un soutien jusqu’au bout à l’insupportable », avec son appui au président gabonais Ali Bongo.
Alors que le président sortant Ali Bongo, au pouvoir depuis 14 ans et dont la réélection a été annoncée dans la nuit, est visé par un coup d’État militaire, Jean-Luc Mélenchon affirme dans un message sur X (ex-Twitter) qu' »aucune alerte n’aura été entendue ». « À présent, le Gabon n’a pu se débarrasser de sa marionnette présidentielle que par une intervention de ses militaires », a-t-il ajouté, estimant que « Macron aura, encore une fois, compromis la France dans un soutien jusqu’au bout à l’insupportable. Les Africains tournent la page ».
Aucune alerte n’aura été entendue.
À présent, le Gabon n’a pu se débarrasser de sa marionnette présidentielle que par une intervention de ses militaires. Macron aura, encore une fois, compromis la France dans un soutien jusqu’au bout à l’insupportable. Les Africains tournent la…
La Chine appelle à « garantir la sécurité » d’Ali Bongo
La Chine appelle « les parties concernées » au Gabon à « garantir la sécurité » du président Ali Bongo, après le coup d’État militaire survenu dans ce pays d’Afrique centrale riche en pétrole.
« La Chine suit de près l’évolution de la situation au Gabon et appelle les parties concernées à agir dans l’intérêt du peuple gabonais […], au retour immédiat à l’ordre normal, et à garantir la sécurité personnelle d’Ali Bongo », a indiqué devant la presse un porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin.
9 h 46 : « Ce coup d’État va accroitre l’instabilité dans toute la région », déclare Josep Borrell
« S’il est confirmé, ce coup d’État va accroitre l’instabilité dans toute la région », a déclaré le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, en marge d’une réunion des ministres européens de la Défense à Toledo.
9 h 42 : « Difficile d’avoir une idée nette de la situation globale à Libreville », selon notre correspondant au Gabon, Ismaël Obiang Nze
9 h 24 : le gouvernement français suit la situation avec « la plus grande attention »
Le gouvernement français suit la situation au Gabon avec « la plus grande attention », a déclaré la Première ministre Élisabeth Borne, à l’occasion d’un discours prononcé lors de la conférence des ambassadrices et des ambassadeurs à Paris.
9 h 10 : Internet rétabli après trois jours de coupure
Internet a été rétabli au Gabon quelques heures après un coup d’État militaire et trois jours après avoir été coupé par le gouvernement qui invoquait des risques de violences le jour de la présidentielle, a constaté mercredi un journaliste de l’AFP.
8 h 46 : le groupe minier français Eramet suspend ses opérations au Gabon
Le groupe minier français Eramet indique mettre en pause toutes ses opérations au Gabon après qu’un groupe d’officiers supérieurs de l’armée gabonaise a annoncé sa prise du pouvoir. « Dès ce matin toutes les opérations de Comilog et Setrag ont été mises à l’arrêt et le trafic ferroviaire a été suspendu », a déclaré un porte-parole du groupe.
« Suite aux derniers événements en cours », le groupe a « mis à l’arrêt » ses activités au Gabon et « suit » la situation pour « protéger la sécurité de [son] personnel et l’intégrité de [ses] installations », a-t-il précisé. Eramet emploie quelque 8 000 personnes dans le pays, majoritairement gabonaises.
8 h 22 : l’analyse de Stéphane Ballong, rédacteur en chef Afrique à France 24
Gabon: des militaires annoncent mettre « fin au régime en place »05:34
Gabon: des militaires annoncent mettre « fin au régime en place » © France24
7 h 41 : des coups de feu entendus dans Libreville
Des journalistes de l’AFP et de Reuters ont entendu durant la déclaration du groupe de militaires des tirs d’armes automatiques dans plusieurs quartiers de Libreville.
7 h 32 : les frontières du Gabon « fermées jusqu’à nouvel ordre »
« Les frontières sont fermées jusqu’à nouvel ordre » a déclaré le militaire gabonais ayant pris la parole au nom du « Comité de transition et de restauration des institutions ».
Dissolution de « toutes les institutions de la République »
« Toutes les institutions de la république sont dissoutes, le gouvernement, le Sénat, l’Assemblée nationale, la Cour constitutionnelle. Nous appelons la population au calme et à la sérénité et nous réaffirmons notre attachement au respect des engagements du Gabon à l’égard de la communauté internationale », a poursuivi le militaire gabonais.
Annulation des élections générales
« À cet effet, les élections générales du 26 août 2023 ainsi que les résultats tronqués sont annulés », a ajouté le militaire gabonais sur la télévision nationale. Les militaires ont estimé que l’organisation des élections n’avait « pas rempli les conditions d’un scrutin transparent, crédible et inclusif tant espéré par les Gabonaises et les Gabonais ». Ils ont dénoncé « une gouvernance irresponsable, imprévisible, qui se traduit par une dégradation continue de la cohésion sociale, risquant de conduire le pays au chaos ».
Après avoir constaté « une gouvernance irresponsable, imprévisible qui se traduit par une dégradation continue de la cohésion sociale risquant de conduire le pays au chaos (…) nous avons décidé de défendre la paix en mettant fin au régime en place », a déclaré un de ces militaires disant s’exprimer au nom d’un « Comité de transition et de restauration des institutions ».
Des résultats égrenés en catimini
Les résultats officiels ont été égrenés en plein milieu de la nuit, à 3 h 30 (2 h 30 GMT), sur la télévision d’État sans qu’aucune annonce de l’événement n’ait été faite préalablement. Le Gabon était alors sous couvre-feu et internet coupé dans tout le pays, deux mesures décrétées par le gouvernement samedi avant la fermeture des bureaux de vote.
De même, l’organe de surveillance des médias avait également annoncé « l’interdiction provisoire de diffusion au Gabon » des chaînes de télévision françaises France 24 et TV5 Monde et de Radio France internationale (RFI), auxquelles il était « reproché un manque d’objectivité et d’équilibre ».
Ali Bongo Odimba officiellement réélu président du Gabon
Les résultats officiels de l’élection présidentielle de samedi, qui a vu le président sortant Ali Bongo Odimba, au pouvoir depuis 14 ans, décrocher un troisième mandat avec 64,27 % des suffrages, ont été officiellement publiés. Selon ces résultats proclamés par le président du Centre gabonais des élections (CGE), Michel Stéphane Bonda, à l’antenne de la télévision d’État Gabon 1ère, le principal rival d’Ali Bongo, Albert Ondo Ossa, n’a recueilli que 30,77 % des voix.
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