Au Soudan, la guerre entre l’armée régulière dirigée par le général Bourhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide, est entré dans sa deuxième semaine. Les FAS assurent avoir le contrôle de tous les sites stratégiques du pays, mais les paramilitaires du général Hemetti semblent bien implantés au Darfour et dans la capitale. Dans ce conflit, où les deux camps multiplient la désinformation, les combats ont déjà fait plus 413 morts et 3.551 blessés, selon l’Organisation mondiale de la Santé, 600 morts selon le ministre soudanais de la Santé. La trêve acceptée vendredi par l’armée, n’a finalement pas tenu et plus de 500 personnalités et ONG soudanaise viennent de signer un appel aux deux parties pour un cessez-le-feu immédiat
Si Khartoum a été le théâtre de certains combats parmi les plus féroces, avec des frappes aériennes, des chars dans les rues et des coups de feu dans les quartiers densément peuplés, mais la violence a explosé dans tout le pays. Les combats ont fait rage notamment au Darfour, l’une des régions les plus pauvres du Soudan, où les FSR semblent bien implantés et la situation est catastrophique, selon un docteur de Médecins sans frontières (MSF), joint par l’AFP.
Le but de cet appel est d’assurer la protection des civils, de protéger les centres de soins et le personnel de santé, permettre l’accès de l’aide humanitaire ou encore faciliter le transport des marchandises essentielles. Parmi eux, Adeeb Youssif, membre de l’organisation People to People basée au Darfour où la guerre civile a fait rage pendant des années, où des dizaines de milliers de personnes sont toujours déplacées et où les violences intercommunautaires sont encore régulières.
Près de 2,5 millions de déplacés et de réfugiés du Darfour résident, selon l’ONU, dans des camps suite à la guerre de 2003-2004. Selon Adeeb Youssif, la situation est encore plus précaire au Darfour que dans le reste du pays, explique t-il au micro de Sébastien Nemeth de la rédaction Afrique de RFI. « La mission onusienne MINUAD est partie. Leur mandat était de protéger les civils, construire la paix, escorter les humanitaires. C’est fini ! Or il y a 119 camps de déplacés. Donc sans la MINUAD, sans les agences onusiennes, sans les humanitaires, la situation va être pire qu’ailleurs au Soudan. Le PAM a suspendu ses activités. Les déplacés ne reçoivent plus d’aide, ils n’ont plus de réserve. Seules leurs familles éloignées les soutient un peu. Mais ils ne peuvent même pas aller en forêt où ils prenaient du bois pour le vendre et survivre. Certains venaient en ville pour de petits boulots. Ou au marché acheter des marchandises. Là, ils n’ont plus rien pour survivre. »
Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), 15 millions de personnes, soit un tiers de la population, ont besoin d’aide.
« En plus, au Darfour, on risque un conflit entre communautés qui va dégénérer en guerre ethnique plutôt que politique. Avec les FSR et les tribus arabes d’un côté et les groupes non arabes de l’autre. Avec des armes des deux côtés. En plus, les déplacés ont un sentiment de revanche, ils estiment que les FSR font partie des troupes qui les ont déplacés, les ont tués, et ont commis le génocide. Avec ce genre de ressentiment, il y a des chances qu’ils plongent dans la violence. »
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