La Cour suprême a proclamé ce mercredi 24 janvier les résultats définitifs de la présidentielle du 14 janvier. Les scores des différents candidats ont évolué de manière significative. Mais la réélection du président sortant Azali Assoumani dès le premier tour n’est pas remise en question.
Le score du président sortant est passé de près de 63% à 57,2%. Entre les résultats provisoires et les définitifs, Azali Assoumani a perdu des voix mais pour lui, l’essentiel reste acquis : au pouvoir depuis 2016, il le restera jusqu’en 2029. Le taux de participation fait quant à lui un bond spectaculaire, passant de 16,3% annoncés par la Céni, à 56,44% aujourd’hui, selon la Cour suprême.
Le premier des cinq candidats d’opposition, Salim Issa Abdillah du parti Juwa, ne dépasse pas 11,7% des suffrages exprimés. La Céni lui en avait attribué près du double il y a huit jours. Les quatre autres récoltent entre 1,6 et 10,6% des voix. Les recours qu’avaient déposés plusieurs candidats, dénonçant des fraudes et demandant l’annulation du scrutin, sont tout simplement jugés « irrecevables » par la Cour suprême.
Dans une déclaration commune, les cinq candidats d’opposition « rejettent en bloc » ces résultats qu’ils ne reconnaissent donc pas. Ils dénoncent la « dérive dictatoriale » du pouvoir qui aurait « mis au pas » la Cour suprême. « On ne pensait pas que la Cour suprême allait ignorer les 350 PV que nous avons déposés qui prouvent clairement qu’Azali n’a pas gagné cette élection dès le premier tour. Ils ont ignoré les recours des candidats. Donc pour nous, ce n’est qu’une forfaiture, une violation de la souveraineté du peuple auquel il appartient de tirer les leçons de cette violation de leur droit fondamental », réagit Latuf Abdou, un cadre du parti Juwa et l’un des représentants de son candidat, le Dr Issa Salim Abdillah, qui fustige « un très mauvais exemple en matière de démocratie ».
« Le combat contre cette mascarade électorale n’est pas terminé », préviennent les candidats, appelant les électeurs à « se mobiliser », sans préciser comment. La semaine dernière, ils avaient également sollicité l’appui de l’Union africaine pour obtenir l’organisation de nouvelles élections. L’annonce des résultats provisoires, la semaine dernière, avait provoqué deux journées d’émeutes, principalement dans la capitale Moroni. Depuis, un calme est revenu, mais les tensions persistent.
Le pouvoir appelle au dialogue
Les cinq opposants s’inquiètent enfin des arrestations, ces derniers jours, de plusieurs cadres de leurs partis et de nombreux jeunes ayant participé au mouvement de contestation. Comme un avertissement, le procureur de la République a rappelé aujourd’hui que l’immunité dont bénéficiaient les candidats aux élections prenait fin avec cette proclamation des résultats définitifs.
Dans le camp d’Azali Assoumani, on célèbre la victoire en appelant l’opposition à cesser de proférer des accusations et à accepter de dialoguer avec le président réélu. « Les Comoriens ont foi dans les perspectives d’avenir engagées par le président Azali pour l’émergence des Comores d’ici 2030 », se satisfait Houmed Msaidié, ministre de l’Agriculture, porte-parole du gouvernement et directeur de campagne du chef de l’État. Ayant participé à la campagne électorale, ayant vu les campagnes de nos adversaires, je ne doutais pas un seul instant de la victoire du président Azali. Le président Azali est un homme ouvert. Il y a toujours la possibilité de s’assoir ensemble pour discuter de l’avenir des Comores. »
Le 14 janvier dernier, les Comoriens votaient dans un double scrutin pour leur président, mais également pour leurs gouverneurs. Les candidats présentés par le camp présidentiel dans les trois îles de Grande Comore, Mohéli et Anjouan sont officiellement élus, eux aussi, dès le premier tour.
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