L’année 2023 débute par un bilan macabre dans les Territoires palestiniens, en raison des violences et de l’occupation israélienne. Depuis le début de l’année, 29 Palestiniens ont été abattus par l’armée ou par des colons juifs en Cisjordanie. Ce jeudi 26 janvier, lors d’un raid israélien à Jénine, neuf ont été tués et une quinzaine grièvement blessés.
L’année 2023 débute comme 2022 s’est achevée, sur un bilan macabre. Plus d’un mort par jour, en ce mois de janvier. À ce rythme, cela pourrait être pire que l’année dernière, qui est déjà considérée comme la plus meurtrière pour les Palestiniens, depuis une vingtaine d’année, et la fin de la seconde intifada. En 2022, il y a eu 144 morts, selon l’ONG israélienne de défense des droits de l’homme B’Tselem. Près de 170, selon un décompte des autorités palestiniennes.
Qui sont ces Palestiniens qui meurent presque tous les jours sous les balles des forces israéliennes ? L’armée israélienne affirme que la majorité des personnes tuées sont des combattants armés. « Faux ! », écrit le journal Haaretz, qui a mené l’enquête. Selon ce quotidien israélien, moins de la moitié des Palestiniens abattus en 2022 avaient réellement une arme sur eux. Les autres sont des civils, victimes collatérales de l’occupation.
Immunité quasi totale pour les soldats israéliens
Les soldats israéliens, responsables de tous ces morts, ne risquent absolument rien. Immunité totale. Roni Pelli, avocat israélien spécialisé dans la défense des droits de l’homme dans les Territoires palestiniens, explique : « On constate que moins de 1% des plaintes déposées par des Palestiniens contre des soldats se terminent par des mises en examen. »
En reportage il y a quelques jours à Hébron, un Palestinien, qui franchit un checkpoint israélien, confie : « Vous savez, notre vie n’a aucune valeur pour eux. Il suffit d’un regard de travers pour qu’un soldat israélien vous abatte. Il pourra toujours se justifier, en posant un couteau à côté de votre cadavre. Il prétendra que vous aviez voulu l’attaquer. » Dit-il vrai ? Exagère-t-il ? Cette information vient de se vérifier.
La semaine dernière, l’armée israélienne publie un rapport : « Un Palestinien abattu, après avoir tenté de mener une attaque contre des soldats israéliens à Silwad, près de Ramallah. » Dans leur déposition, les soldats sont formels : « Ils n’ont fait que se défendre contre un assaillant. » Manque de chance pour les soldats, tout a été filmé. Les images sont diffusées sur internet.
Un Palestinien est aspergé de gaz lacrymogène. Une grenade assourdissante est lancée en direction de sa voiture. Lorsqu’il est extrait de force de son véhicule, il est complètement déboussolé. Aveuglé, il distingue à peine ce qui l’entoure. Il se débat au milieu de soldats. L’un d’entre eux finit par lui tirer dessus, en visant le haut du corps. Il est tué, sous les yeux de son fils. Les soldats ont menti. L’armée israélienne le reconnaît désormais : il n’y a eu aucune tentative d’attentat. Une enquête est ouverte.
Assouplissement des règles de tir
Au milieu de tout cela, le nouveau gouvernement israélien, mené notamment par l’extrême droite, cherche à assouplir les règles d’engagement de ses soldats. Autrement dit, à quel moment ils sont autorisés à faire feu.
Au sein de l’armée israélienne, certains officiers s’y opposent. « Mais ce n’est pas pour protéger les Palestiniens. L’armée tient surtout à sa réputation. Elle se soucie plus des apparences que des conséquences », expliquent notamment Yesh Din et Breaking The Silence, des ONG israéliennes anti-occupation. Car l’État hébreu présente son armée comme « l’armée la plus morale du monde ».
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