Au moins une trentaine de civils ont été tués mercredi par des militaires, dans trois localités de la région de l’Est. C’est ce que dénonce dans un communiqué publié jeudi soir le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés, une organisation de la société civile.
Plusieurs sources locales, jointes par RFI ont confirmé ces exactions. Les faits se sont produits lors du passage d’un convoi sécurisé par l’armée burkinabè, en direction de la mine de Boungou, dans la province de la Tapoa, dans la région de l’est.
Trois localités ont été touchées par ces violences : Piega, Sakoani et Kankangou. Toutes ont été traversées par le convoi minier, composé selon le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC), d’une trentaine de véhicules et escorté par plusieurs dizaines de 4X4 militaires.
D’après le collectif et plusieurs sources locales, les victimes sont toutes des civils, dont sept femmes et deux adolescents, des habitants des villages traversés, dont certains ont été abattus dans leurs propres maisons. « Il n’y a plus personne. Les gens ont fui en brousse ou à Kantchari », explique un habitant de Sakoani, qui précise que des familles séparées cherchent encore leurs proches. « À chaque fois qu’ils passent, les militaires ne veulent voir personne près de la route. Mais certains ont leur concession juste au bord », s’indigne un autre.
38 morts en novembre
Selon plusieurs villageois, ce n’est pas la première fois que ces localités sont victimes de violences au passage du convoi. Depuis des mois, la vie des villageois habitant le long de la RN4 qui relie Ouagadougou à Kantchari, est devenue un cauchemar. « Surtout depuis que le convoi de la mine de Boungou passe par là », explique un habitant de Piega. En novembre 2019, ce même convoi a été attaqué par des hommes armés. Bilan : 38 victimes. Après trois mois de fermeture, la Semafo, société canadienne qui exploite la mine de Boungou, décide de rouvrir le site. Désormais, les convois sont sécurisés par des militaires et empruntent la RN4 au lieu de passer par Ongarou.
Mais les riverains en paient le prix fort, comme le note le communiqué du CISC : en décembre, une nouvelle attaque du convoi minier a tué deux civils ; en novembre, les escortes du convoi ont incendié le marché de Sakoani ; et en mai, après être tombés dans une embuscade, des militaires ont passé à tabac les jeunes de ce même village, qu’ils accusaient de complicité avec les hommes armés.
Contactés par RFI, ni l’état-major burkinabè, ni la Semafo, n’ont donné suite à notre requête. Dans un communiqué publié ce soir, le porte-parole du gouvernement annonce l’ouverture d’une enquête. Il assure « que le respect des droits humains est l’un des piliers majeurs de l’action des forces burkinabè engagées dans la lutte contre le terrorisme ».
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