Crimes de guerre, crimes contre l’humanité, l’ONU a annoncé ce mardi disposer de solides preuves d’une augmentation spectaculaire de ces crimes en Birmanie. Le mécanisme d’enquête indépendant de l’ONU, organisme crée en 2018 par le Conseil des droits de l’homme, affirme dans son rapport annuel avoir rassemblé de nombreuses preuves depuis le coup d’État le 1er février 2021 qui serviront à traduire les auteurs en justice.
« Les preuves collectées indiquent une augmentation spectaculaire des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité dans le pays, avec des attaques généralisées et systématiques contre des civils », souligne dans son rapport annuel le Mécanisme d’enquête indépendant des Nations unies pour le Myanmar (IIMM), créé en 2018
Ce rapport corrobore les informations d’autres organismes onusiens, d’organisations non gouvernementales ou d’États sur les violences qui secouent la Birmanie depuis le coup d’État de 2021. Ces preuves pourront être utilisées pour poursuivre éventuellement les auteurs de ces crimes, indique l’IIMM, qui accuse l’armée birmane et des milices affiliées de « commettre des crimes de guerre de plus en plus fréquemment et de plus en plus éhontés ».
« Parmi les crimes que nous avons répertoriés et dont nous récoltons les preuves, il y a les crimes commis en détention. Dans tout le pays, des gens sont arrêtés et détenus sans procès, explique Nicholas Koumjian, le chef de l’IIMM. Nous avons également recueilli des témoignages sur des actes de tortures commis en prison et des agressions sexuelles contre des hommes et des femmes dans les établissements pénitentiaires. Nous avons aussi des preuves de soldats birmans qui se sont emparé d’un village, ont embarqué les habitants, civils et combattants et les ont exécutés. »
Une collecte de preuves des crimes commis
L’IIMM a également remarqué un phénomène qui s’amplifie, en particulier ces derniers mois, celui des bombardements des populations civiles, des frappes menées contre des villages qui se soldent par la mort de nombreuses personnes dont des enfants. « Nous rassemblons ces preuves en vue de les utiliser un jour dans des procédures pénales et pour faire en sorte que les responsables de ces crimes rendent des comptes. Nous voulons dire que nous sommes là, que nous rassemblons les preuves. À ceux qui perpétuent ces crimes, nous voulons dire qu’il existe une entité qui fera en sorte de les poursuivre et qu’un jour, ils seront traduits en justice. »
La Birmanie est le théâtre d’un violent conflit civil, qui a fait plusieurs milliers de morts et provoqué le déplacement de centaines de milliers d’habitants, depuis le putsch du 1er février 2021 qui a renversé la dirigeante élue Aung San Suu Kyi. Les membres de l’IIMM n’ont jamais été autorisés à se rendre en Birmanie, mais ils se sont entretenus avec plus de 700 sources et ont collecté et traité « plus de 23 millions d’éléments d’information », notamment des déclarations de témoins, des documents, des photographies, des vidéos, des preuves médico-légales et des images satellites.
L’IIMM, qui coopère déjà avec la Cour internationale de justice et la Cour pénale internationale, entre autres, veut « accélérer sa collecte de preuves des crimes internationaux les plus graves » pour les partager avec les enquêteurs, les procureurs et les tribunaux capables de poursuivre les responsables de ces crimes. L’IIMM se concentre notamment sur la responsabilité d’individus spécifiques et en particulier des responsables de haut niveau. « Le fait que les plus hautes autorités ignorent ces crimes pourraient indiquer qu’elles en sont à l’origine », souligne le document.
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