Après trois mois de guerre, Israël dit vouloir se concentrer sur le sud et le centre de Gaza

Alors que la guerre contre le Hamas entre ce dimanche 7 janvier dans son quatrième mois, Israël soutient avoir « démantelé » la « structure militaire » du Hamas dans le nord de Gaza.

■ L’armée israélienne a annoncé samedi soir avoir « achevé le démantèlement de la structure militaire du Hamas dans le nord de la bande de Gaza » et se concentrer désormais sur le démantèlement du mouvement islamiste palestinien « dans le centre et le sud de ce territoire ».
 
■ Tôt dimanche, des témoins ont fait état de frappes aériennes israéliennes à Khan Younès, principale ville du sud de la bande de Gaza et nouvel épicentre des affrontements. En Cisjordanie occupée, un raid israélien a fait six morts dimanche à Jénine, bastion des factions palestiniennes.
 
■ Le secrétaire d’État américain Antony Blinken poursuit sa tournée au Moyen-Orient par la Jordanie, après avoir rencontré samedi à Istanbul le président turc, dans l’espoir de juguler l’escalade régionale.
 
■ Selon un nouveau bilan annoncé samedi 6 janvier par le ministère de la Santé du Hamas, 22 722 personnes ont été tuées à Gaza depuis le début de la guerre, le 7 octobre. Les morts sont en majorité des femmes, des adolescents et des enfants. On dénombre près de 60 000 blessés. L’armée israélienne a affirmé jeudi avoir tué plus de 8 000 combattants palestiniens depuis l’attaque du 7 octobre. 175 soldats israéliens ont été tués depuis le début de l’offensive terrestre de l’armée israélienne dans la bande de Gaza le 27 octobre, selon les derniers chiffres de l’armée.
 
L’ONU démunie face à ses limites, après trois mois de divisions
 
À chaque nouveau conflit, on est toujours étonné du peu de marge de manœuvre qu’a l’ONU pour prévenir toute escalade, souligne notre correspondante à New York, Carrie Nooten. D’une part, le Conseil de sécurité de l’ONU, censé assurer la paix et la sécurité internationale, n’a pas réussi à condamner rapidement les attaques du Hamas, puis par la suite, s’est embourbé de veto en veto et n’est pas parvenu à exiger un cessez-le-feu entre Israël et Gaza. Et d’autre part, l’administration onusienne qui, sans réelle volonté des pays, se retrouve dans l’impossibilité de jouer un quelconque rôle de médiateur.
 
Conscient de la facilité à créer des quiproquos dans ce dossier, le patron de l’ONU Antonio Guterres a d’ailleurs porté une attention extrême aux mots qu’il a employés dès les attaques du Hamas. Et pourtant, cela n’a pas empêché plusieurs campagnes de désinformation israéliennes très violentes lancées contre les agences onusiennes. Une première dans l’histoire de l’organisation, l’ambassadeur israélien a même demandé la démission du secrétaire général, estimant que ses réactions étaient « creuses ». Bref, plus que jamais, l’ONU a endossé ces trois derniers mois le rôle du bouc émissaire.
 
On lui reproche aussi généralement de ne pas enrayer les conflits, et donc le nombre de victimes, assez rapidement. Un reproche courant, même si encore une fois, seuls les pays impliqués peuvent décider de mettre un terme aux combats. Pourtant, à Gaza, l’ONU a été touchée au cœur, puisque 135 membres de son personnel ont été tués – du jamais vu en un seul conflit depuis la création de l’ONU il y a 77 ans.
 
Par ailleurs, les Nations unies ne peuvent plus assurer leur mission humanitaire alors que des milliers de Palestiniens sont proches de la famine : le gouvernement israélien bloque le matériel qui permettrait de scanner les chargements des camions plus efficacement, et donc le passage de plus d’aide. Et sans cessez-le-feu, les distributions sont trop dangereuses. Ce qui laisse l’ONU complètement démunie.
 
Une femme officier israélienne tuée dans un raid israélien à Jénine, en Cisjordanie
 
Un officier israélien a été tué et trois blessés dimanche lors d’un raid des forces israéliennes contre le camp de réfugiés palestiniens de Jénine en Cisjordanie occupée, a annoncé la police. « Elle se trouvait dans un véhicule militaire qui a été touché par un engin explosif », a-t-elle indiqué.
 
Le raid a coûté la vie à six Palestiniens, selon le ministère de la Santé de l’Autorité palestinienne.
 
Antony Blinken en Jordanie auprès de partenaires arabes en colère
 
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken poursuit dimanche en Jordanie une intense séquence diplomatique au Moyen-Orient appelant à éviter à tout prix un embrasement du conflit dans la bande de Gaza et prévenir « un cycle sans fin de violences ». Antony Blinken, arrivé à Amman la veille au soir, doit avoir des entretiens avec le roi de Jordanie Abdallah II notamment et visiter un centre du Programme alimentaire mondial dans la capitale jordanienne, selon un haut responsable américain dans son entourage.

Lors d’une brève allocution samedi soir sur le tarmac de l’aéroport de La Canée en Crète, en Grèce, il avait affirmé que « nous devons nous assurer que le conflit ne se propage pas ». « L’une des véritables préoccupations est la frontière entre Israël et le Liban et nous voulons faire tout notre possible pour nous assurer qu’il n’y ait pas d’escalade », a-t-il ajouté.
 
Le mouvement islamiste libanais Hezbollah a tiré des dizaines de roquettes dans le nord d’Israël, une attaque présentée comme sa première riposte à l’élimination, attribuée à Israël, du numéro deux du Hamas mardi près de Beyrouth.
 
« On veut s’assurer que les pays qui pensent de même utilisent leurs liens, leur influence, leurs relations avec certains des acteurs qui pourraient être impliqués pour garder le contrôle des choses, afin de s’assurer que le conflit ne s’étende pas », a encore dit Antony Blinken, citant en particulier le « rôle vital » que peut jouer la Turquie à cet égard, après s’en être entretenu samedi à Istanbul avec le président turc Recep Tayyip Erdogan.
 
Le gouvernement israélien au bord de l’implosion à l’aube du quatrième mois de guerre ?
 
Les pressions sur le gouvernement israélien montent encore d’un cran alors que 136 prisonniers sont toujours détenus à Gaza. Les familles des otages perdent patience, explique Michel Paul, notre correspondant permanent à Jérusalem. Leurs proches ont organisé des rassemblements hier à Tel-Aviv et à Jérusalem. Avec ce slogan : « Nous ne pouvons pas atteindre cent jours, ramenez les otages maintenant ! ». Mais à ce stade les négociations pour leur libération sont au point mort.

Partager

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *