En Grèce, après deux séries d’incendies dévastateurs au cours de l’été, certaines régions sont à présent confrontées depuis lundi à des précipitations extrêmes et des inondations, en raison du passage de la tempête Daniel. C’est le centre du pays qui est le plus touché par les intempéries, en particulier la ville portuaire de Volos.
D’une catastrophe naturelle à l’autre. Les événements climatiques se succèdent ces dernières semaines en Grèce. Ce week-end encore, dans le nord du pays, dans la région d’Alexandroupoli, la forêt de Dadia était en proie au plus gros incendie jamais « enregistré » dans l’Union européenne, c’est-à-dire depuis une vingtaine d’années, rapporte notre correspondant en Grèce, Joël Bronner. Avant cela déjà, d’autres feux avaient éprouvé le pays, par exemple sur l’île de Rhodes ou dans la région d’Athènes. À présent, les pluies coïncident certes avec la fin de cette vague d’incendies mais aussi avec de nouvelles difficultés, en l’occurrence des inondations dans le centre du pays, au niveau notamment des îles Sporades et de la zone montagneuse du Mont Pélion.
Les dégâts causés par la tempête Daniel se concentrent dans les environs de Volos, qui est une ville d’environ 150 000 habitants et qui se trouve à la fois au bord de la mer et au pied du mont Pélion. Avec les fortes pluies de ces dernières heures, le cours d’eau qui traverse la ville, le Krafsidonas, a débordé et les eaux ont ensuite envahi les rues et les ruelles du centre-ville. Parmi les images qui circulent le plus, on voit justement des voitures garées dans de petites rues avec de l’eau jusqu’à mi-hauteur. Dans ce même secteur de Volos, un mur s’est écroulé en raison du mauvais temps, ce qui a entraîné un décès tandis qu’une autre personne, portée disparue, pourrait avoir été emportée par les flots. Dans cette région de Thessallie, un certain nombre de champs ont eux aussi été recouverts par les eaux.
Dans le centre du pays, qui est une zone assez montagneuse, ce sont plus de 500 millimètres d’eau par mètre carré qui étaient attendus en trois jours, c’est-à-dire depuis lundi jusqu’à ce mercredi. Dans certains secteurs, cela représente quatre à cinq fois la quantité d’eau qui tombe en moyenne en un mois. Par ailleurs, dans l’ouest du pays, les fortes pluies pourraient se poursuivre encore jusqu’à demain jeudi. Les incendies, comme ceux qui ont touché le pays cet été, favorisent d’ailleurs le risque d’inondations en cas d’intempéries car les sols qui ont été brûlés sont moins capables de « stocker » l’eau de pluie sur son passage.
Cyclone méditerranéen
« Les rapports de précipitations parlent de 700 millimètres, 0,7 mètre de pluies qui sont déjà tombées, analyse Davide Faranda, chercheur au Laboratoire des sciences de l’environnement et du climat (LSCE) au micro de Simon Rozé, du service Science de RFI. Donc, on pourrait dépasser le mètre de précipitations au niveau local, ce qui devrait donner des problèmes de glissements de terrain, des inondations qui est lié au fait que la végétation a brûlé. Et donc, les arbres ne sont plus en capacité de retenir l’eau qui va tomber sous forme de précipitations. »
En cause, un medicane mediterranean hurricane, un cyclone méditerranéen, combinaison d’une dépression au-dessus de la Grèce et d’une mer anormalement chaude à la suite de l’été, et qui charrie donc un air très humide : « Cette combinaison nous projette déjà dans un monde qui n’est pas celui où on vit, qui est 1,5 degré plus chaud environ sur cette zone, mais bien au-delà. On a des anomalies en Méditerranée de l’ordre de 3 à 4 degrés au-dessus de la normale en ce moment. Donc, on vit déjà dans le monde qui nous attend en 2050. »
Un phénomène tropical au-dessus de la Grèce, un aléa météorologique rendu plus fréquent et plus extrême en raison du réchauffement climatique.
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