Actuellement en déplacement en Afrique du Sud, la ministre des Affaires étrangères française, Catherine Colonna, a confirmé que le président Emmanuel Macron souhaiterait se voir invité au prochain sommet des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) prévu à Johannesburg du 22 au 24 août prochain.
La cheffe de la diplomatie française a pu s’entretenir ce lundi à Pretoria avec son homologue sud-africaine Naledi Pandor. Questionnée sur l’envie de la France d’être invitée au futur sommet des Brics, lors d’une conférence de presse à l’issue de ces échanges, Catherine Colonna a reconnu que le sujet était sur la table : « Nous n’en avons pas parlé aujourd’hui, mais nous en avions parlé le 26 mai » lorsque les deux femmes s’étaient déjà rencontrées à Paris.
« Il nous semble que dialoguer est toujours positif, même quand on n’est pas 100% d’accord sur tout, il faut parler pour se comprendre et pour trouver des solutions » a-t-elle détaillé. « Nous réfléchissons à haute voix, mais c’est évidemment une décision que les pays concernés sont seuls à même de prendre – à la possibilité de poursuivre ce dialogue, pourquoi pas au sommet des Brics ou dans un autre format. »
Cette possible invitation de la France, bien que surprenante, n’est pas inenvisageable selon la ministre sud-africaine des Affaires Etrangères, Naledi Pandor : « si cela se produisait, ce serait une innovation au sein du modèle de participation des Brics actuel, mais cela pourrait amplifier la portée mondiale du forum des Brics », ajoutant que le pouvoir d’invitation repose entre les mains du président actuel du groupe, à savoir le chef d’État sud-africain qui accueille le sommet. La question pourra très rapidement être à nouveau abordée entre les deux présidents, puisque Cyril Ramaphosa doit se rendre à Paris en fin de semaine, pour le sommet pour un nouveau pacte financier prévu les 22 et 23 juin.
Que se passera-t-il cependant si Vladimir Poutine, lui aussi invité, se présente en Afrique du Sud, alors qu’il est sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour Pénale Internationale ? Catherine Colonna précise que la participation hypothétique d’Emmanuel Macron « ne peut se faire que dans le plein respect du droit international. »
Les deux femmes politiques ont également échangé autour de la mission pour la paix africaine, menée par quatre chefs d’État du continent qui se sont rendus à Kiev et Moscou, vendredi et samedi derniers. La ministre Catherine Colonna a qualifié de « bienvenue » cette tentative de médiation, estimant que tout effort de paix est « positif, s’il vise à restaurer les principes de la Charte des Nations Unies », à savoir « l’indépendance des États, la souveraineté, le droit à la légitime défense, et l’intégrité territoriale. Ce sont également ces principes que le président Cyril Ramaphosa a cités lorsqu’il a eu l’occasion de s’exprimer. » Malgré des résultats très mitigés, le président sud-africain s’était lui réjoui, dans sa lettre hebdomadaire publiée plus tôt dans la journée, de la « réception positive » de la mission de chaque côté.
Naledi Pandor a, en outre, démenti lors de cette conférence de presse que l’une des demandes de la délégation africaine aurait été de favoriser l’abandon des poursuites contre le président russe : « il n’y a pas eu de telles discussions » a-t-elle tranché brièvement.
Par ailleurs, les deux pays se sont dits favorables à l’intégration de l’Union africaine en tant que membre à part entière du G20, au nom du multilatéralisme, alors que le Premier ministre indien, Narendra Modi, qui doit accueillir le sommet en septembre, a récemment déposé une demande écrite allant dans ce sens, auprès de l’organisation.
Transition énergétique et cybersécurité
Ce déplacement de deux jours intervient deux ans après la visite d’État du président Emmanuel Macron dans le pays, et Catherine Colonna est revenue sur les grands thèmes de coopération entre Paris et Pretoria, à commencer par le soutien à la transition énergétique afin de tourner la page du charbon. La France participe à hauteur d’un milliard d’euros au JETP (Just Energy Transition Partnership), et 300 millions ont déjà été débloqués selon la ministre.
Les deux pays ont également signé un accord de coopération au cours de cette visite en matière de corruption et de lutte contre la cybercriminalité, avec une école qui devrait voir le jour d’ici à l’année prochaine, pour former les pays de la région. Un renforcement des compétences en la matière accueilli avec enthousiasme par l’Afrique du Sud, tandis que le pays a rejoint en début d’année la liste grise du Groupe d’action financière (GAFI).
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